La maison de Madame Thorez

© Office de Tourisme Seclin & Environs
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L’histoire de la maison de Madame THOREZ, située au 23 de la rue Sadi CARNOT à Seclin, intéresserait sûrement la Fondation du Patrimoine français par sa singularité.

 

 

En effet, c’est dès 1932 que les parents de Madame THOREZ, Monsieur et Madame BOSTYN, s’installent dans cette maison sous un bail de location de 9 années renouvelables.

 

 

©Madame Thorez
©Madame Thorez

 

 

 

 

Monsieur BOSTYN ouvre alors dans cette « maison magasin », une herboristerie. Mais, le lobby des pharmaciens ayant eu raison du commerce à l’appellation métonymique, il décide alors, juste après la seconde guerre mondiale, d’ouvrir un magasin d’optique. Et, c’est en 1965, qu’il en devient propriétaire

A sa mort, en 1970, sa fille et son mari, Monsieur et Madame THOREZ, s’y installent avec leur mère.

Un matin, un volet de fenêtre de la façade se détache. Le couple THOREZ fait alors appel à l’entreprise de maçonnerie DAVRIL. Celle-ci conseille de faire un ravalement de façade de la maison afin de permettre une meilleure fixation des couvre baies.

 

C’est alors que la magie de l’histoire s’opère. Durant les deux semaines de travaux, la façade dévoilait sa splendeur : En briques rouges, ornementées de pierres blanches taillées en facettes (aussi appelées « Pointes de diamants ») en sailli sur le contour des baies plein cintre. Très fréquent durant l’époque Romane et repris lors du style dit « Classique à la française » du XVIIème siècle.

 

Les badauds se regroupaient pour la contempler. Le journal, la Voix-du-Nord, dépêche même un journaliste pour rapporter cette découverte. C’est la consécration du lieu. Même si Monsieur MULLIEZ, artiste-peintre et carillonneur de la Collégiale, se doutait de l’ancienneté de la maison, la preuve explosait au grand jour.

 

Dans le livre de Madame LEROUGE, « Histoire des cabarets de Seclin », nous trouvons les premiers témoignages du lieu. La demeure aurait été, en 1665, un estaminet au nom évocateur de « Reims en Champagne ». Madame THOREZ atteste d’ailleurs de l’existence d’un burget à l’arrière de la maison pouvant accueillir les tonneaux de vin au sous-sol.

Et puis, Monsieur Jean-Denis CLABAUT, archéologue, spécialiste de la période médiévale et auteur de l’ouvrage « Les caves médiévales de Lille » expertise ses fondations au XVème siècle.

 

Nous sommes donc sur une maison du XVIIème, bâtie sur des fondations du XVème. L’ensemble ayant résisté aux deux grandes guerres qui, rappelons-le, ont laissé des ruines derrière elles. Mais pas notre maison qui est toujours restée sur pied. Elle aurait même pu contribuer aux abris de bon nombre d’habitants du quartier qui, lors de la deuxième guerre mondiale, avaient ouvert leurs caves entre-elles pour l’évacuation par le sous-sol en cas de bombardements.

 

Depuis la mort de son époux, passionné par l’histoire et auteur de l’excellent ouvrage « Les secrets de la collégiale Saint-Piat à Seclin », Madame THOREZ s’interroge sur le devenir de sa maison quand elle n’y sera plus, tant elle est attachée à ce lieu, par les 100 années de l’occupation de sa famille et sa valeur historique.

 

Avec son fils, ils décident alors d’appeler la D.R.A.C. (Direction Régionale des Affaires Culturelles) des Hauts de France pour procéder à une demande de protection de la façade en intérêt historique. En réponse, une représentante s’est déplacée le 28 septembre 2020 et a confirmé que la maison était protégée par sa proximité avec la collégiale.

 

Alors, cette ancienne maison connue de Seclin évoquant une période particulière de son histoire ne mérite-t-elle pas une protection ?

Comme un relais qui garderait intacte la flamme de l’histoire du patrimoine de la ville de Seclin.

 

Merci à Madame Thorez de son aide dans la rédaction de cet article

 

Sophie CHICHE- Guide conférencière – Office de tourisme de SECLIN

©Cadastre de 1773 de la ville de Seclin
©Cadastre de 1773 de la ville de Seclin