La Gnôle d'Allennes-les-Marais

Source : Mairie d'Allennes-les-Marais
Source : Mairie d'Allennes-les-Marais

 

 

Le nom d’Allennes-les-Marais ne déroge pas à la règle des villes et villages du Mélantois puisque son origine étymologique celte serait  Al = Bord et Len = Rivière.

Allennes-les-Marais signifierait donc un village au bord de la rivière de la Deûle.

C’est la famille de seigneur d’Allennes qui offrira le blason de la ville.

Au XVIIIème siècle, le sucre devient un aliment savouré dans les familles de la noblesse française. En effet, provenant de la canne à sucre des Antilles, son coût prohibitif ne s’adressait qu’à une consommation élitiste.

Cependant, l’embargo de Napoléon 1er en 1806 bloque toute entrée maritime sur notre territoire. Le sucre est alors manquant dans toutes les tasses de nos nobles familles françaises. Mais, c’est sans compter sur le chimiste prussien du nom de Andreas Sigismund Marggraf (1709-1782) qui découvre les vertus de la betterave et particulièrement de la présence de sucre dans sa racine.

Napoléon 1er se jette sur cette opportunité et met en place une série d’avantages fiscaux pour tout industriel produisant plus de 10 000 kg de sucre de betterave ou perfectionnant sa fabrication par des innovations. Ces avantages entrainent l’ouverture de 580 sucreries en France au milieu de XIXéme siècle.

Porche pigeonnier Cense de Layens Source Office de Tourisme de Seclin
Porche pigeonnier Cense de Layens Source Office de Tourisme de Seclin

 

C’est alors qu’à Allennes-les-Marais, un certain René Colette (1848-1910) étendra sa sucrerie des Moëres sous le nom de la société Collette et Cie. Il installera sa production dans les locaux de la « Cense de Layens » dont le porche-pigeonnier, encore existant, est classé monument historique depuis 2008.

En dérivé de production de sucre, René Colette se spécialisera dans la production d’alcool. Cette gnôle très convoitée par les ouvriers de l’époque qui la consommaient quotidiennement avant de démarrer une rude journée de labeur. 

Issu de la grande lignée des inventeurs de la famille Colette de Seclin, il déposera en 1900, avec son oncle Auguste-Alexandre Colette, le brevet d’invention de « La presse Colette ». En effet, la méthode de macération étant longue et fastidieuse, nos deux compères ont l’idée d’une macération à la vinasse chaude entre deux pressions. Grace à la presse, l’extraction de jus prend à peine 10 minutes au lieu de six à huit heures par le procédé classique.

Société Anonyme des Distilleries René Colette. Source : Archives du travail
Société Anonyme des Distilleries René Colette. Source : Archives du travail

C’est la consécration. L'usine produit 105 hectolitres d'alcool par jour ; elle occupe 80 ouvriers. En 1909, 2/7e du territoire d'Allennes-les-Marais était dédié à la betterave, soit 124 hectares, dont 3 en betteraves à sucre, 101 pour les betteraves de distillerie et 20 en betteraves fourragères.

Le procédé Colette rafle tous les prix dont la médaille d’or de l’innovation agricole.

René Colette sera décoré de la Légion d’Honneur le 11 octobre 1906 et celle de chevalier du Mérite Agricole.

Il décèdera le 5 mars 1910 dans son château d’Allennes-les-Marais à l’âge de soixante-deux ans. Le procédé de presse Colette est encore utilisé de nos jours par tous les artisans distillateurs de notre planète.

Sophie CHICHE – Guide conférencière – Office de Tourisme de Seclin