A l’évocation des débuts de la filature seclinoise, un nom revient fréquemment : Charles Duport. Un nom familier puisqu’une rue porte son patronyme. Adjoint au maire, il fut surtout l’un des premiers à installer en ville une filature moderne à l’anglaise. Mais à l’inverse d’autres entrepreneurs de la ville sa tombe est méconnue et semble abandonnée, le temps, la pluie et le vent effaçant son nom. Une destinée pourtant singulière que celle de cet homme.
Je dédie cet article à M. Eugène Ermé.
Charles-François Duport est originaire de Lokeren, une ville au nord-est de Gand en Belgique, où il naquit le 27 mai 1793. Sa mère s’appelait Marie Catherine Delestrée et son père Jean Baptiste y exerçait la profession de chapelier. Il y a un flou sur les origines géographiques des Duport, mais au vu du patronyme ils sont certainement français. Sont-ils des migrants économiques attirés par cette ville flamande qui se développe autour de l’artisanat de la chapellerie comme la « capitale des Gaules »1 ?
Le cœur de cette ville2 flamande commerçante avec ses trois foires annuelles bat au sein d’une vaste place que surplombe la tour de 80 mètres d’une église bâtie en 1720.
Hormis la chapellerie en feutre, les industries textile y sont un plein essor. Faut-il s’en étonner quand on sait que Gand n’est qu’à vingt-deux kilomètres ? Au tournant du XIXe siècle, un Gantois portant de nom de Liévin Bauwens (1769-1822) a dérobé à la barbe des industriels anglais des métiers à tisser mécanique, les fameuses mule-jennys. Une histoire toute empreinte d’aventure ou d’un roman policier, qui s’inscrivant au sein de la rivalité militaro-industrielle franco-anglaise, a peut être exercé une fascination sur le jeune Duport.
Si je ne puis m’avancer à en dire plus sur son enfance ou sur combien de temps il vécut dans les Flandres, on peut se permettre à se l’imaginer lors de cette rapide visite du Premier Consul le 18 juillet 1803 à Lokeren.
Cette visite s’inscrit dans une tournée de onze jours. Ce 18 Juillet, parti à 10 heures de Gand, Bonaparte est à Anvers à 17 heures. A Lokeren ce sont des ouvriers chapeliers qui accueillirent Bonaparte au sein d’une ville en liesse3. « Dès l’aube du jour, la trompette sonne, le tambour battit, les cloches se firent entendre, la garde d’honneur composée de vingt jeunes gens à cheval, et bien équipés, se mit sous les armes ; les autorités civiles et militaires et le clergé se réunirent. Les ouvriers de la fabrique de chapeaux du citoyen Vranckin, au nombre de 103, en costume analogue à leur industrie, portaient chacun un petit étendard, sur lequel étaient peints les outils de leur métier. Ils s’étaient ralliés autour d’un grand drapeau chargé d’inscriptions. Après eux, on remarquait l’école des pauvres orphelins. Tout ce cortège partit à dix heures de la maison commune, précédé de 23 musiciens, et fut hors du bourg à la rencontre du premier Consul. A midi, le Héros se trouvait au milieu des habitants de Lokeren (…) »4. Bonaparte s’intéresse à divers aspects de la ville puis vint à se poser la question : « La chapellerie de Lokeren vaut-elle celle de Lyon ? ». Si le jeune Duport, âgé de dix ans, vivait toujours à Lokeren, on peut se le figurer tentant d’apercevoir celui que l’on gratifie sur les arcs de triomphe de ces mots : « La commune de Lokeren à Bonaparte, premier consul, pour avoir délivré la France de la tyrannie ; rétabli la religion de nos pères ; protégé les manufactures ; perfectionné les arts, encouragé les artistes, reculé le domaine des sciences »id.4.
Le « grognard » Duport
Après la relative paix et reprise économique que constitua la période consulaire, la France aux 130 départements, devenu un Empire, et l’Europe s’enfoncèrent dans des guerres interminables. A l’image protectrice et bienfaisante de Bonaparte consul se substitua progressivement l’ombre de l’Ogre Napoléon. La conscription des hommes, de plus en plus jeunes, issus de tous les territoires de l’Empire ou des territoires vassaux, devint aussi lancinante et régulière que la faucheuse sur les champs de bataille.
Charles Duport, comme tant d’autres, passera une partie de sa jeune vie d’adulte sous les drapeaux surmontés de l’aigle impérial, et demeurera un fidèle de l’Empereur jusqu’à sa mort.
Enrôlé au sein du 28e Régiment de Dragons, Charles Duport y est maréchal des logis. Ce régiment créé en septembre 1792 par des volontaires parisiens et lillois, prend corps sous cette appellation en 1803 et s’illustre notamment en 1809 à Wagram contre les troupes autrichiennes. Mais c’est pour la terrible campagne de Russie que Charles Duport fait son entrée dans l’épopée napoléonienne. Il fait partie de l’immense armée levée dans tout l’Empire, soit 600 000 hommes, qui le 28 juin 1812 passe les rives du fleuve Niémen.
Son rôle au sein du régiment est crucial, il est chargé de préparer le ravitaillement et l’hébergement des hommes de la troupe. Un travail ingrat car la campagne russe est vidée de ses habitants mais aussi ravagée et brûlée contentieusement par la population à l’approche de la Grande Armée. L’immense territoire russe semble sans fin et sans ressource pour cette multitude vite affamée mais qui garde impact sa foi dès que l’Empereur passe à côté d’eux.
Après des semaines sans réelles batailles décisives, l’armée russe tente de bloquer Napoléon à une centaine de kilomètres de Moscou à Borodino. Plus connu sous le nom de bataille de la Moskova, Charles Duport charge aux milieux des Dragons qui sont engagés dans ce grand choc où seront blessés et tués 45 000 hommes, ce 7 septembre 1812. Napoléon remporta d’une courte tête cette bataille et pu ainsi marcher et occuper la capitale Moscou. La suite est connue de tous. En refusant toute négociation, le Tsar Alexandre Ier pousse un Napoléon loin de ses arrières, enfermé au sein d’une ville en feu et au milieu d’un territoire hostile, à se remettre en marche mais en sens inverse. La Grande Armée, déjà bien amoindrie, va se retrouver prise au piège du terrible hiver russe. Un miracle pour Charles Duport de sortir indemne de Russie avec les cinquante-deux rescapés de son régiment.
L’année 1813 sera celle de la perte de l’Allemagne. Le génie tactique de Napoléon ne pourra rien face à multitude des forces opposées ou aux défections de corps entiers des régiments étrangers. Au milieu de cette débâcle, le siège de Magdebourg va durer jusqu’au 20 mai 1814. Cette ville en plein territoire prussien va résister de longs mois sous la direction du général Lemarois qui commande à 18 000 hommes, dont notre Charles Duport. Il s’y illustre en faisant sept prisonniers.
L’abdication de Napoléon à Fontainebleau entraîne le retour en France de Charles Duport qui est, comme tant d’autres, licencié de l’armée.
Le Restauration des Bourbons avec Louis XVIII, malgré la Charte, cette tentative d’allier monarchie et libéralisme, va surtout frustrer les anciens soldats, souvent empreints d’idéaux républicains, les ouvriers et personnes ayant fait fortune grâce à la Révolution et à l’achat de biens nationaux. Charles Duport fait partie de cette frange de la population hostile aux royalistes, meurtri par la défaite et l’invasion du pays par les forces alliées en 1814, et surtout nostalgique des années de gloire d’un Napoléon rongeant alors son frein sur l’île d’Elbe.
Lors du retour de Napoléon sur le sol national, le 1er mars 1815 à Golf Juan, Charles Duport, comme tant d’autres, s’enthousiasme et va
au-devant de son Empereur qui remonte vers Paris par la célèbre « route Napoléon ». Ce « vol de l’Aigle », Duport le fait en réintégrant l’armée, au sein du 4e
Hussard et en accompagnant Napoléon de Grenoble à Paris. L’euphorie des soldats et de milliers d’admirateurs ne pourra rien contre l’attentisme, la lassitude, la peur ou l’hostilité d’une France
en guerre presque continuellement depuis 1792. La vie de soldat de Charles Duport s’achève avec la dernière bataille napoléonienne, dans la « morne plaine » de Waterloo, le 18 juin
1815.
L’ex-militaire change de vie
Au sortir des guerres napoléoniennes, comme nombre de soldats Charles Duport se retrouve sans emploi. C’est une « demi-solde » ou l’un de ces « brigands de la Loire »5 comme l’on disait.
Pourtant il semble s’adapter très vite à la vie civile, rentrant ainsi dans l’analyse sociologique établi par l’historien Jean Vidalenc6. On le retrouve marié à l’âge de vingt-sept ans le 12 Novembre 1820 dans un petit village de Saône-et-Loire, Lugny. Il mentionne une nouvelle profession : fabricant de coton. L’heureuse épouse est Jeanne Suzanne Pétronille Guillemaud. Ce patronyme fort répandu dans ce village de 1100 âmes, évoque aussi quelque chose aux Seclinois, car l’un ne va pas sans l’autre ! Son neveu, Claude Guillemaud (1827-1888) sera son directeur de filature à Seclin avant de se lancer lui aussi dans ce secteur avec le succès qu’on lui connait… mais ça c’est une autre histoire !
Cette nouvelle vie qui s’offre à Charles Duport, il la doit donc à son mariage. Le père de Jeanne, lui aussi prénommé Claude Guillemaud (1768-1847) est marchand drapier. Charles semble mettre en commun sa petite affaire avec Jacques Guillemaud, un jeune homme de vingt-trois ans, lui aussi mentionné comme fabricant de coton. Cette profession commune est renseignée dans l’acte signé des témoins. Malheureusement cette première tentative ne va pas laisser un souvenir impérissable7. Après ce « fiasco », le temps ne serait-il pas d’aller voir les prouesses industrielles dans le nord du pays ?
Acte de mariage de Charles Duport et Jeanne Guillemaud à Lugny, le 12 Novembre 1820.
Duport, une filature de lin avec « machine à vapeur »
L’émergence des procédés modernes dans le tissage trouve à Seclin une sorte de « terre promise » dans ce premier tiers du 19e siècle. On peut lire sur notre ville qu’elle a «des filatures de lin qui donnent des produits remarquable » et qu’on y voit même « beaucoup d’étrangers » venant « juger des progrès de cette industrie, dont les secrets ne sont pas tous révélés aux curieux»8. Succès qu’on pourrait aussi compléter par cette analyse de l’économiste Adolphe Blanqui, lorsqu’une « (…) industrie est depuis longtemps exercée quelque part, on y trouve outre certains avantages de localités, ce que l’on ne pourrait avoir nulle part ailleurs : une population toute entière façonnée dès l’enfance à tous les travaux, à toutes les opérations, parfois fort compliquée que cette industrie réclame (…) »9. La ville de Seclin est saluée comme novatrice avec les « mule-jennys » de l’établissement Lefebvre-Bourghelles dans un rapport préfectoral de 1804. En 1822 et 1823, on peut citer la filature de lin des frères Gachet installée au château des Boulets. Mais le côté moderne vient surtout de David Van Deweghe qui perfectionne et installe à Seclin des métiers à tisser le lin mus par une machine à vapeur à simple pression de la force de deux chevaux en 1824.
Quand s’installe Charles Duport à Seclin ?
Au sein de deux almanachs de 1825 et 1829, à Seclin filature de lin on mentionne un Duport neveu et Cumin (ou Camin ?), mais celui-ci est mis en parallèle en 1841 avec un Duport et Co possédant des « machines à vapeur ». Ce curieux « neveu » est Jean Pierre Duport (1772-1836), il récupère en 1833 la filature Gachet que sa veuve, Magdeleine Mathieu revendra en 1851. Voilà ce qui explique la mention en 1842 d’un Duport et Co et d’une Veuve Duport.
La première véritable trace de notre Charles Duport date de 1839. C’est un contrat de location pour une filature de coton (rue de l’Hospice / Dormoy) passé le 12 mai 1839 entre Louis-François Tiberghien, lui et Louis Antoine Joseph Dutro.
On sait que Charles Duport et Jeanne Guillemaud achètent par la suite la ferme et le terrain appartenant à Augustin Desmazières. Le choix de situation fut très astucieux car à deux pas de la première ligne de chemin de fer et de la gare de 1845. Ils font raser la ferme afin d’y installer une filature avec deux chaudières à vapeur. Son emplacement sera successivement occupé aux 19e et 20e siècles par Lauwick-Lefebvre, Drieux puis Agache… soit le terrain actuellement connu sous le nom de « projet de la friche Linscrusta » sur Burgault !
Un succès industriel mais à quel prix ?
Lors de l’exposition Universelle de Paris 1855, Charles Duport expose au sein de la classe 22 des Industries des lins et des chanvres sous le numéro 7279. Rattaché au « fils de lins humides filés selon la méthode anglaise », le catalogue mentionne une filature de 125 ouvriers et 300 000 francs qui « expose des produits d’une bonne qualité courante, remarquables surtout par le bas prix auquel il peut les établir ».
Ce bas-prix pouvant se trouver dans l’exploitation comme main d’œuvre d’enfants venus de la sinistre colonie pénitentiaire de Guermanez à Emmerin10.
Une Statistique de la France de 1847-1852 mentionne notre filature Duport, elle est y beaucoup plus modeste : 23 ouvriers seulement ! On y recense 8 hommes, 10 femmes et 5 enfants. Dans les cases salariales, l’homme touche 1.50 francs, la femme 1 et l’enfant 0 ! En 1847, malgré la difficulté d’un recensement en bonne et due forme, le Nord industriel avait un taux d’enfants parmi ses ouvriers avoisinant les 19%, soit à minima 14 000 ouvriers non adultes11. Dans notre bassin industriel en 1840, l’âge d’admission à l’usine pouvait se faire dès 5 ou 6 ans ! Si cette situation nous semble aller contre les droits naturels de l’enfant, à l’époque le calcul est tout autre. Du côté patronal, c’est une sacré économie salariale et une utilité technique à leur emploi. Du côté des parents, c'était un complément à leurs maigres paies. Notons que la durée journalière de travail pouvait aller de 15 à 16 heures en 1840 !
Le prix pour la santé des ouvriers est terrible : « Dans les filatures de lin, les opérations au cardage se font le plus souvent à la main ; alors la poussière se répand en nuages épais dans l’atmosphère. Dans les ateliers où l’on opère à la mécanique au contraire, elle est moins épaisse, mais pourtant toujours assez considérable pour qu’une personne étrangère à la fabrique s’aperçoive, au bout de quelques minutes, de son action sur la respiration et la sécrétion de la salive, des larmes et du mucus nasal. Les ouvriers employés à ces travaux sont en général moins bien portants que les autres ; ils sont sujets à des fréquentes indigestions, qui altèrent bientôt les fonctions de l’estomac, aux vomissements, aux inflammations aigües et chroniques des bronches et des poumons, à la consomption pulmonaire. Suivant le docteur Thackrah, les ouvriers employés au broyage du lin meurent dans un âge peu avancé. Dans une enquête faîte dans un des plus grands établissements de Leeds, on a constaté que sur 1 079 ouvriers pour la plupart adultes, 9 seulement avaient atteint l’âge de cinquante ans, et 22 l’âge de quarante ans (…) »12.
Un notable bonapartiste
Charles Duport devient vite un notable de notre ville. Il est conseiller municipal puis premier adjoint. On le retrouve parmi les administrateurs de l’Hospice civil. En 1850, il est avec le Seclinois François Descloquemant (fabricant de sucre) l’un des cinq jurés de notre canton parmi les 72 de l’arrondissement de Lille.
Son passé militaire lui permet très certainement d’obtenir le poste de commandant de la Garde Nationale du bataillon cantonal de Seclin. Théoriquement cette Garde est celle des Français entre 20 et 60 ans, mais les frais sont si chers (habillement, armement), qu’elle devient de fait, dans son service ordinaire, une sorte de milice bourgeoise, un rempart contre les émeutes populaires et ouvrières.
C’est sous cet uniforme que les 25 et 26 Mars 1848, Charles Duport doit gérer l’épisode des « Risquons-tout ». Sous ce terme on dénomme des patriotes belges républicains, souvent ouvriers journaliers à Paris, qui souhaitaient instaurer la République en Belgique. Nous sommes quelques semaines à peine après la chute de Louis-Philippe et l’instauration de la 2e République en France. L’affaire tourna au fiasco dans un hameau près de Mouscron le 29 Mars. L’épisode reste mémorable pour notre ville car un bon millier de Belges y restèrent cantonnés deux jours durant. Le très provisoire commissaire du Nord (et futur chef de la Commune de Paris), Louis Charles Delescluze les y approvisionna de 1 800 rations de pain, de 33 centimes d’argent mais surtout de 1 500 fusils et cartouches.
Echec de cette expérience républicaine donc en Belgique, mais également en France peu de temps après. Dès le 2 Décembre 1851, le « Prince Président » Louis Napoléon Bonaparte mit fin à la 2e République par un coup d’état. Avec son passé de « grognard », Charles Duport est un fervent partisan du retour à l’Empire et va multiplier les hommages. Le 15 août 1852, Charles Duport fête, attablé avec quarante autres « grognard » et son épouse, l’anniversaire de l’Empereur de Napoléon Ier.
Une autre festivité sera organisée après les résultats du plébiscite du 22 Novembre 1852. Napoléon III obtient presque 8 millions de suffrages, dont 3 702 oui contre seulement 119 non et 32 nuls dans le canton de Seclin. Le 5 Décembre, toute la ville semble en liesse. Une grand-messe est célébrée dans la Collégiale, un Te-Deum est chanté par les Orphéonistes de Seclin. On entend de vibrants « Vive l’Empereur » lors de la proclamation officielle par le maire M. Duriez-Lhermitte. Un cortège d’honneur raccompagne jusque chez lui le vieux Duport. Mais la soirée reste mémorable pour les voyageurs assis dans le train. En passant à proximité de la filature Duport, ils la contemplent illuminée de lampions et lanternes en verre de couleurs13.
Un an plus tard, le 9 Octobre 1853 leurs Majestés Impériales sont reçues à Lille. On y inaugure une statue de Napoléon Ier dans notre « Vieille Bourse ». De nos jours, elle est exposée au musée des Beaux-Arts. Comme elle dédicacée au protecteur de l’industrie, il est naturel qu’on en profite alors pour y remettre des médailles d’honneur à des contremaîtres ou ouvriers. La filature Duport est mentionnée par la médaille d’un peigneur de lin devenu contremaître : Louis Joseph Caby (1808-1873).
Après tous ces témoignages de son idolâtrie napoléonienne, il est facile d'imaginer l'émotion du vieil homme à la remise de sa médaille de Sainte Hélène. Par décision de Napoléon III le 12 août 1857, le but de cette médaille était de reconnaître les 400 000 « combattants français et étrangers sous les drapeaux français de 1792 à 1815 vivants au jour de sa création »14.
Dernier grand moment avant le deuil car son épouse décède le 8 février 1858, chez eux au n°10 rue de Burgault. Le temps d’améliorer l’outil de travail par des générateurs, une nouvelle machine à vapeur et de nouveaux métiers, Charles Duport ne passa pas l’année 1858. C’est au bureau du greffier en mairie que ses neveux, Jean Eugène Duport et son directeur, le fameux Claude Guillemaud, vinrent déclarer son décès à 8 heures du matin, le 21 Novembre.
Recherche et rédaction : Maxime CALIS, guide-conférencier - Office de Tourisme de Seclin & Environs
Sources
Danièle LEROUGE – L’industrie à Seclin : des balbutiements au début du 20e siècle – 2014, ISBN 979-10-916617-03-
La Voix du Nord – articles des 19, 20, 23 et 25 Août 1982 d’après les recherches de Eugène Ermé
Notes :
1. « Lyon : Chapellerie. Vingt grandes fabriques et environ cent petites s’occupent à Lyon de la chapellerie, qui fut toujours une branche influente de son industrie et dont les produits sont renommés. L’établissement de manufactures de chapeaux, dans toute l’Europe et l’Amérique, à Paris et dans les départements, a enlevé à Lyon le monopole qu’elle exerçait. Sa fabrication était autrefois de 10 000 chapeaux par jour ; elle n’en fait plus aujourd’hui que 400 000 par an (…) » - Encyclopédie du commerçant, Dictionnaire du Commerce et des Marchandises – Tome 2 – Paris, Guillaumin & Cie, 1841.
2. Ainsi en 1802 «le citoyen Vrancken» obtient une médaille d’argent lors d’une présentation de l’industrie départementale de l’Escaut au cours d’un salon. D’autres médailles suivirent comme en 1820 ou 1835. Cette industrie de la chapellerie du feutre avait également un certain essor à Malines et à Lièges. Cette industrie «importante à Lokeren est tombée par la suite du colportage des chapeaux de soie et de la perte du débouché avec la Hollande » (Nouvelles Archives du commerce – 1842)
3. Cet accueil fait pourtant suite des « actes séditieux (…) notamment des chapeliers de la commune de Lokeren », à quoi le pouvoir établi répondit par un arrêté du 15 Brumaire An XI (6 Novembre 1802) « qui prescrit des mesures contre les ouvriers séditieux des manufactures qui se réuniraient pour imposer aux négociants des obligations destructives du commerce ». Le préfet Faipoult entérine en territoire belge les lois Le Chapelier de 1791 interdisant toute association d’ouvriers.
4. Journal du commerce, des annonces et avis divers du Département de l’Escaut – Mercredi 8 Thermidor An XI (27 Juillet 1803)
5. L’armée française put se replier derrière la Loire en vertu de l’armistice du 3 Juillet 1815.
6. Jean Vidalenc - Demi-solde, étude d'une catégorie sociale – 1955.
7. Au cœur du petit ouvrage de L. Lex de 1892, Notice historique sur Lugny et ses hameaux : on découvre cette phrase au milieu des activités économiques du village : « on a conservé le souvenir d’une filature de coton et d’une fabrique de carreaux-mosaïques, établies sans grand succès au commencement de ce siècle » (p.72). Cette seule filature de coton dans le village est aussi mentionnée en 1838, sans y ajouter un nom.
8. GRILLE, François-Joseph – Description du Département du Nord – Arrondissement de Lille – Seclin page 199 – Paris – 1823-1830.
9. BLANQUI, Adolphe – Cours d’Economie Industrielle – Tome 3 – 18e Leçon : Les grandes et petites industries. Adolphe Blanqui (1798-1854), économiste français qui professa des idées sur l’économie bien différentes de son illustre frère, le socialiste Auguste Blanqui.
10. CARLIER, Christian - La prison aux champs – 1994 – Edition de l’Atelier / Ouvrière - Mention du travail d’enfants prisonniers chez Charles Duport et chez Grandel Parvilliez. La colonie du Docteur Faucheur sera ouverte entre 1855 et 1868.
11. https://www.icem-pedagogie-freinet.org/sites/default/files/172_Travail_Enfants.pdf
12. BODEAU, Charles-Frédéric – Du travail des enfants dans les manufactures considéré sous le point de vue de l’hygiène publique – Thèse doctorat médecine – Paris, 1845.
13. Le 15 Août et la proclamation de l’Empire à Seclin – 1852 – Douai Adam d’Aubers – 17 pages.
Médiathèque Jean Lévy – salle de lecture – Fonds régional – Magasin 2 cote 111142 – consultation sur place
14. http://www.stehelene.org/ - Le site référence les médaillés, mais le recensement ne semble pas terminé, ainsi Charles Duport n’y figure pas. Cinq Seclinois et un Noyellois en 1857 y sont mentionnés.