C’est le 29 avril 2021 que Jacques MOLLET, architecte seclinois, nous a quitté.
L’occasion de lui rendre hommage en se remémorant la lignée d’architectes MOLLET qui a fortement marqué l’urbanisation de la ville de Seclin.
Son grand-père Victor, né à la seconde moitié du 19éme siècle, grandit en pleine apogée industrielle. Seclin est alors une ville riche, dotée de plusieurs industries dont une majorité de filatures. On y creuse d’ailleurs le canal pour permettre l’acheminement de fret par voie fluvial.
C’est une époque florissante et innovante dont le style de Victor se reconnaîtra dans la ville. Outre, notre chapelle Saint-Piat, il répond à de nombreuses commandes d’industriels seclinois souhaitant construire leurs villas dans le quartier, à l’époque, campagnard de la Mouchonnière. Notre actuelle mairie en est un excellent témoignage.
Il sera également l’architecte de la célèbre villa Saint-Charles à Lambersart, construite en 1894 et lauréate, en 1901, du concours d’architecture lancé par l’avocat promoteur, Edmond ORYGROULOIS. Elle est classée au monument historique depuis 2000. Victor recevra, en 1931, le prestigieux prix Delphin PETIT pour l’ensemble de son œuvre.
Il aura deux fils : Jacques, décédé durant la première guerre mondiale et Louis MOLLET, né en 1894. Louis suivra la passion de son père en s’associant à son cabinet d’architecture. Mais la grande guerre interrompra ses études. Mobilisé, il gribouillera ses idées sur un carnet. Sûrement un exutoire des horreurs de cette sale guerre.
Démobilisé, il terminera ses études jusqu’à la consécration du prix de Rome.
Il rejoindra très vite le cabinet d’architecture de son père pour l’aider à redonner forme aux villes écorchées après la guerre. Louis, très attaché à Seclin, y construira, entre autres édifices, le magnifique théâtre qu’il voudra de style un peu plus éclectique au mouvement art déco. Le « S »de Seclin affiché sur le pignon rappellera celui de la villa St-Charles construite par son père et reflètera ainsi l’attachement qu’il éprouvait pour sa ville natale.
Il aura 4 enfants, dont Jacques, né en 1927. Très vite, Jacques suit la lignée de plus de 50 années d’héritage créatif. Il consolide, par son audace, l’originalité que lui ont offert ses aïeuls. Il en a d’ailleurs gardé le carnet de croquis de son père. Lors de ses études, il se rendra, en 1955, à Stockholm en Suède afin d’effectuer un stage dans un cabinet d’architecture. Il continuera d’y exercer le métier jusqu’en 1961, date à laquelle il sera nommé Consul de Suède avant de revenir en France accompagné de son épouse suédoise et de s’associer au cabinet de son père Louis.
Jacques entretiendra une relation privilégiée avec Seclin. Il contribuera, avec son père, à édifier le nouvel hôpital de la ville.
Et puis, en se promenant dans le parc de la mairie, à l’arrière de la villa de style « Belle époque », qui, rappelons-le a été dessinée par son grand-père, Jacques voulut mettre en évidence la nature du parc environnant. Il a ainsi créé l’extension couverte d’immenses parois de verre qui se confondent dans la verdure.
Il entreprendra également l’extension du musée des Beaux-Arts de Lille dont son père dessina les plans de l’atrium. Jacques aime l’effet miroir. Il s’amuse à refléter les formes environnantes sur des parois de verre. Cette idée de transparence marquera son style.
A travers la création de ces deux édifices, peut-être souhait-il refléter les 110 années de transmission de la création architecturale familiale ?
Merci à Alan MOLLET, petit fils de Jacques MOLLET, de sa précieuse aide dans l’écriture de cet article.
Sophie CHICHE Guide conférencière – Office de tourisme de Seclin