Gruson, son fief du colombier et ses imbrications

 

Gruson, dont le nom viendrait du mot « gruys » voulant dire « graviers » et de « on » voulant dire « ruisseau » est un charmant village délimité par la Marque, rivière de 31 km qui prend sa source à Mons-en -Pévèle pour se jeter sur la Deûle. Sa singularité, est d'être vallonné et particulièrement boisé sur une plaine du plat pays du Nord. Ce qui rappelle sans doute les montagnes suisses d’où son surnom de « Petite Suisse ».

Commune de Gruson
Commune de Gruson

 

Mais, incontestablement, l’originalité de Gruson se trouve dans son « fief ou ferme du Coulombier » et ses imbrications.

 

Située sur le chemin de Cysoing qui menait jusqu’à Bouvines, la ferme a été construite au XVIIIème siècle à l’exacte intersection où, au Moyen-Âge, on pendait les criminels condamnés à mort par la justice de Cysoing.

Ferme du colombier
Ferme du colombier

L’édifice en brique et en pierre a été construit autour d’un colombier.

 

Les colombiers étaient le privilège de seigneurs qui en assureraient son élevage. En effet, la fonction de « courrier » fera du pigeon un instrument de pouvoir. Les messageries seigneuriales et royales monopolisaient le droit de possession de colombier, se conservant ainsi l’avantage de déguster sa chair fine et de profiter de son engrais naturel. C’est à partir de la Renaissance, au XVIIème siècle, que les grands domaines, fiefs, laïcs ou religieux, s’équipèrent d’un colombier. On en recense alors plus de 4000 sur toute l’étendue du royaume.

 Notre colombier ne déroge pas à la règle par sa construction, en 1688, à l’initiative de l’aîné des fils du Comte de Corroy, Joseph-Ignace de Nassau, également heureux héritier du château du même nom le long de la Loire. Il sera malheureusement détruit en 1970.

 

Sur le porche de la ferme, nous trouvons un écusson en losange représentant les armoiries du propriétaire. L’occasion de nous pencher sur les imbrications se trouvant sur les murs de la ferme et sur ceux des pignons des maisons avoisinantes. Ces dessins de formes géométriques se détachent en briques jaunes sur fond rouge ou inversement. Ils sont souvent déposés de façon symétrique comme s’il s’agissait d’un simple décor. Selon la conservatrice du musée du plein air à Villeneuve d’Ascq, il ne s’agirait pas de symbole de « Runes » mais plutôt de symboles de protection de la maison ou marque de corporation artisanale définis au Moyen-Âge selon les significations suivantes :

Notons ici le symbole des brasseurs représenté par le fruit d’une combinaison de l’air, la terre, l’eau et le feu. Soit : L’eau et la terre = La germination – L’eau et le feu = La saccarisation – L’air et feu = La fermentation. L’ensemble forme les six procédés de fabrication de bière et est donc représenté par une étoile à six branches voulues par la corporation des brasseurs.

 

Terminons ce billet par une dédicace à Charlemagne. Empereur aux 10 épouses et heureux papa de 18 enfants. Charlemagne fera don de ses terres grusonnoises à Gisèle, fille de sa troisième épouse. La

même Gisèle qui profitera de cet héritage, lors de son mariage avec Évrard de Frioul, pour fonder l’abbaye de Cysoing.

Abbaye de Cysoing
Abbaye de Cysoing

Sophie CHICHE- Guide Conférencière- Office de Tourisme de Seclin