Chapitre 13 : Les cérémonies de 1923, Recueillement et Renaissance

Le début des années 1920 est marqué par les nombreuses inaugurations de Monuments aux Morts. A Seclin, cette inauguration va se passer les Dimanche 13 Mai et Lundi 14 Mai. Nous reproduisons ici de large extraits parus dans le journal Le Réveil du Nord.
L’atmosphère emplit de recueillement mais aussi d’un profond sentiment de soulagement se dégage. Parmi les présents, nul n’imagine que dix sept ans plus tard, ces mêmes rues en fête seront une fois de plus témoins d’un nouveau conflit.

Seclin, hier était en fête.
Dans une brillante cérémonie, présidée par M. Maurice Colrat, garde des Sceaux et ministre de la Justice, le chef lieu de canton de l’arrondissement de Lille inaugurait son monument aux morts élevé en l’honneur et souvenir de ses deux cents fils tombés au Champ d’Honneur.
Dans la petite commune, portant encore, presque intactes, dans toute leur tristesse, les traces des dévastations de l’envahisseur, la solennité fut grandiose et imposante malgré le temps peu favorable. (...)
A 11 heure du matin (...) toutes les sociétés locales et des centaines de personnes (...) étaient à la gare pour saluer le Ministre à sa descente du train de Paris (...). Le cortège se forme, puis à pied, dans les rues décorées de drapeaux et de guirlandes qui pendent lamentablement, on se rend à la mairie, toujours sous les parapluies, aux accents entraînants des fanfares.
Pompiers, musiciens, gymnastes, pupilles en bas et jupons blancs, sociétés de secours mutuels, de mutilés, d’anciens combattants, participent au défilé.

Le ministre est reçu dans la salle des mariages, fraîchement remise à neuf, de la mairie provisoire. Le maire, M. Fiévet, lui souhaite la bienvenue et dit la joie qu’il éprouve à saluer son concitoyen, l’ancien conseiller municipal de Seclin. (...) Très touché, M. Colrat a remercié (...) Seclin a été envahi pendant toute la guerre. Elle a encore de nombreuses blessures à panser. Dans la mesure de ses moyens il s’emploiera à activer le relèvement des ruines. (...)
Le cortège se reformait et repartait (...) vers l’école maternelle, où était servi le banquet (...). A la table d’honneur, figuraient le Ministre, ayant à sa droite MM. Fiévet, maire, Potié sénateur, Delesalle, député, et le général Lacapelle et à sa gauche, MM. Morain préfet, Delbierre sénateur, Loucheur et des Rotours députés. (....)
A 3 heures, toutes les sociétés étaient rassemblées sur la Grand Place au pied des ruines de l’église Saint Piat, et devant le monument entouré de guirlandes et de drapeaux.

Le monument, œuvre du sculpteur lillois Charles Caby, et de M. Victor Mollet, architecte, est surmonté d’un coq gaulois emblème des héros de Seclin. En bas, sur la stèle, un poilu qui évoque les héros de l’armistice, voit s’évanouir le spectre de la mort qui le poursuivait depuis quatre ans. L’œuvre est forte, bien conçue, et remarquablement exécutée.
Sur l’estrade officielle, M. Boidin, président du Comité, remet le monument à la ville. (...) Au nom des combattants, M. Henri Lepoivre prend la parole. Pour les jeunes générations, le monument sera le symbole du devoir et du sacrifice. (...)
M. Colrat : «Il ne faut pas que les meilleurs enfants du pays soient tombés pour rien (...) Honneur à tous ceux qui ont défendu la Patrie (...) La France est invincible dans la paix comme dans la guerre. Quand au gouvernement, il n’a qu’un désir : être l’instrument de la volonté des morts et de la France entière.» La Marseillaise retentit puis les enfants des écoles chantent des hymnes aux morts. Les sociétés défilent devant le ministre, drapeaux déployés, aux accents des cuivres. (...) La journée d’hier marquera dans les annales de la vaillante cité. 

Après la journée de dimanche (...) la ville était hier lundi toute à la joie.
De 10 heures à 11 heures, il y eut un concours de ballons et le gonflement, par les soins de l’association Aéronautique du Nord, du ballon «La Renaissance Seclinoise». Plus de 400 enfants participaient au concours de ballons dont le résultat ne pourra être donné qu’après le renvoi de toutes les cartes postales attachées aux ballonnets (...). A 11 heures exactement, le ballon prit son envol vers Tournai. (...)
Il fut alors procédé à la mairie au tirage des primes entre les divers groupements ayant participé aux fêtes. (...)
Dès 2 heures 30, les seclinois et les nombreux étrangers attirés par le cortège se dirigèrent vers les rues où devaient défiler les différents chars. Citons parmi les meilleurs : le groupe de l’Union Musicale (...), le char des Anciens Combattants, précédait celui de l’Agriculture (...) puis vint le char du Textile (...). La Seclinoise, par l’importance de sa figuration, mérite une attention spéciale. Son char représentant la France et les provinces reconquises était encadré par les sections de jeunes gens et des jeunes filles, au nombre de 40 environ (...)
Le soir, un concert et un bal public, avec illuminations, terminaient cette belle journée.

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